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Hors-champs en partage.

vendredi 25 février 2011

Nervures

Entre nous
Les mots sont comme neige
Entre nous
Les mots transpirent la glace des années

Les feuilles des jours
Se détournent de l'amour
Comment faire pour voir des bourgeons encore
Comme faire pour boire en nous
Et ne pas se laisser étouffer

Entre nous
Les mots glissent et se blessent
Chuchotent leur cortège
De silence

Il suffirait pourtant d'en inventer d'autres
Tel l'enfant découvrant les baisers
Et le monde tout entier

 1er prix du  Printemps des poètes 2002/2003, Saint-Cloud (jury présidé par la poète Marie-Claire Bancquart).

(c) Anouk - Picture and Text

Graines de nuit


On ne voit pas les virgules entre les rêves, ce qui en rend la lecture si difficile, mais les phrases claquent en silence, et l'on s'achemine sous les paupières, papilles aux aguets, d'énormes oursons chatouillent nos oreilles, nos yeux s'inclinent comme si les souvenirs avaient tout saupoudré, ce qui en rend la lecture si difficile, d'ailleurs la lumière n'est plus, à moins qu'elle ne soit toujours - ne la sent-on pas au bout des cils ? - la lumière d'hier dilate nos pupilles, bienvenue nous dit le sculpteur des nuages, avez-vous vu l'ombre d'une panthère sur le chat endormi ? Le dauphin qui a volé les vagues ? Non ? Alors, à quoi rêvez-vous ? Aux virgules ? Je sais, la lecture est difficile, mais une toile d'eau vous aidera tout à l'heure quand, éveillé, vous vous demanderez... Et des graines de nuit. On ne connaît pas la gourmandise des rêves, on sait seulement qu'un pollen fleurit les pensées endormies.


Publié dans Filigranes n° 34, 1996